Heureusement il y a des gens comme la famille Sulca qui luttent.
Grégorio, le père dit "El Wari", est un artiste. Apprécié mondialement, mais pas au Pérou, oú, dit-il, les artisans sont reconnus mais pas les artistes. Son combat est la préservation de la culture pré-hispanique quechua (plus particulièrement la Huari dont il est issu) notemment par l'art : tissage, écrits, musique, etc.
(un peu plus de détails, en espagnol : http://todoayacucho.wordpress.com/2011/12/28/el-wari-gregorio-sulca-una-presentacion-audiovisual-y-otras-duras-palabras-y-confesiones/)
Sandra, sa fille chez qui je suis en ce moment, dénonce la morale et le rôle inquisitoire de l'Eglise, qui a beaucoup contribuer à tuer leur culture. Elle fustige aussi le complot politico-narcotico-religieux. C'est vrai que tous les établissement publics affichent la "bienveillance" de Dieu et elle ne manque pas d'exemples pour l'étayer. Sandra a d'ailleurs entamé des études de Droit pour "dénoncer Dieu" à la Cour Européenne ! (elle a une double nationalité). La France l'aurait médaillée en reconaissance de sa lutte.
Ces fermes isolées, d'adobe, sans électricité, chauffage ni aucun superflu m'intriguent toujours. Après 2 semaines passées avec elle, je n'ai que plus d'admiration. A près de 60 ans, elle gère, des fois seule, 80 moutons, 33 vaches, cochons, chevaux, etc. dans ce milieu hostile. 170 ha, sans cloture, juste de l'herbe grillée par le soleil d'altitude et le vent froid, et pour nous patates à l'eau et soupe d'orge matin, midi et soir (cuits à la bouse de vache séchée). J'arrivais à peine à suivre le rythme, me contentant de 10 ou 11h par jour, soit au moins 20km de marche.
Ma lutte était au début de ne pas devenir fou à mener des vaches dont le cerveau doit être plus petit que celui des moutons et l'instint de se séparer face à l'"agresseur"... Et puis aussi, avec les animaux et le manque d'hygiène, contre une invasion d'amibes dans l'estomac, soignée en buvant mon urine, son "unique médecine".
Elle aussi a beaucoup de douleurs, mais avec les animaux, ce n'est qu'un détail, comme le jour de la semaine.
Et puisqu'on voyage aussi par ses lectures, la mienne m'emmène chez la "grande soeur" himalayenne, au Tibet, où les chinois poursuivent leur génocide. Espéront que par leur lutte non violente, ils gardent vivante leur traditions, pour ne pas répéter l'histoire Huari...