vendredi 6 septembre 2013

Encore un peu ...

Pour conclure vaguement sur l'Amérique latine, certains me demandent ce que j'ai préféré.
Impossible à dire, mais il y a des moments plus importants comme, pour la Guyane et Suriname : découvrir la forêt tropicale, les bois magnifiques et rester jusqu'à la naissance d'Enzo. Au Brésil, le synchrétisme et les différentes religions, surtout découverts grâce à Isabell et son professeur d'anthropologie. Pour l'Argentine, je garderai surtout le souvenir des "baba cool" d'El Bolson, et de la Bolivie, la fierté indigène, à l'image de son président et de sa capitale...
Pour le Pérou, citer la civilisation Inca, c'est banal mais en même temps c'était vraiment hallucinant. Et en Equateur, je crois avoir croisé les gens les plus aimables, surtout avec la famille d'Intillacta. Enfin, pour la Colombie, la satisfaction de connaître certaines éthnies et puis la mer caribéenne, comme pour finir en décontraction.

Je n'ai pas cité vélo, il m'a fait trop soufrir, mais je reste convaincu que c'est un merveilleux moyen de transport, qui permets des belles rencontres, pour l'effort, et le pied-de-nez à M. Lamy (directeur de l'OMC) et consorts, puisque, grâce à lui, j'ai pu passer plus d'un an à certainement moins de 5 euros/j...

(Feux et vents, comme chaque été)



D'ailleurs, après environ 12000 km dans les Andes, je continue encore un peu. Vers Coimbra, où j'ai rencontré Luis, "l'aventureiro da bicicleta", puis Porto et ses vignobles extraordinaires le long du Douro....



Je suis maintenant en Espagne, à Leon, j'ai mal aux jambes, envie de rentrer, mais je me dis toujours "allez, encore un peu..."



jeudi 8 août 2013

Une transition


Pour mes derniers jours sur le continent je reviens vers Santa martha et sa Sierra nevada. Vu de haut ce massif forme un beau triangle détaché de la cordillière, mais il en fait partie.
Il est surtout habité par 4 peuples indigènes, j'aimerais connaître un peu plus les kogis, eux ne cherchent (mal)heureusement pas le contact.

(a droite c'est le frere d'Eduardo)
L'oportunité, je l'aie grâce à Eduardo qui m'a emené dans sa ferme où des kogis descendent cultiver périodiquement.

Les kogis sont un peuple sans écriture, électricité, couverts, salutations, et même sans poils, la liste serait longue... mais ils sont très respectés et j'ai ressenti à leur contact un grand charisme, presque hautain (ils se disent les grands frêres de la Terre-mère, les autres étants les petits frêres).

Leur situation semble s'améliorer puisque le gouvernement rachète autant que possible les terres de la sierra pour leur restituer.

Petite randonnée aussi dans le Parc naturel de Tayrona où il y a des restes arquéologiques de cette civilisation pré colombienne disparue. On ressent une grande énergie dans les pierres et les lieux de cérémonie sont toujours vivants (et interdits d'accès).

Et puis mon voyage se termine à Santa Martha, première ville fondée du pays et dernière demeure du grand Bolivar...
Toujours des gens aimables et une mer qui doit  avoisiner les 30 degrés. De la plage on va à pied à l'aéroport. J'ai un avant gout amer de l'Europe puisque les espanols de Rumbo m'annulent mon billet à quelques jours du départ (je n'avais pas pu lire un mail demandant des photocopies à envoyer dans les 2 jours), bref.


De retour à Madrid, je m'accorde une transition "en douceur", rejoignant mon père au Portugal (600km en 5 jours et demi de grosse chaleur).

Je ressens une âme du pays toujours vivante et mon père plus en forme qu'avant.


 
On descend une semaine vers la cote sud.
Tavira est une belle ville et les plages sont joliment peuplées.

Pour la suite, il y a toujours un vent du nord qui ne m'encourage pas dans mon envie de poursuivre à vélo...


samedi 6 juillet 2013

La cote caribéenne, en fin...


De Médellin Manuel me conseille de prendre la route vers Turbo et la cote caribéenne.
D'abord petits sentiers puis autoroutes de monocultures, c'est la fin des Andes mais la température grimpe...

Vers la cote habitent pas mal de communautés indigènes et afro descendants.


Je n'ai pas fait de rencontre vraiment spéciale mais quasi chaque jour on me recoit gentillement, me nourris et donne de quoi me laver.

Ca fait plaisir de terminer le voyage avec le souvenir de Gilberto, prof de
guitare, vendeur de glaces et voyageur, ou de Maria, qu'on m'a proposée en mariage, ou quand toute une rue me recoit avec enthousiasme.


Cartagene est une des plus importantes villes du pays mais je prends juste le temps d'apprécier un peu la ville coloniale, qui, comme trop souvent contraste et dévalorise l'immense ville moderne. Mon visa expirant 6 jours plus tard, je vais voir la migration qui me demande soit de payer une quarantaine d'euros, soit de sortir et rentrer du pays. Moi qui étais fatigué du vélo, voila une nouvelle motivation pour pousser jusqu'au Vénézuela...
 

La mer caribéenne est excellente, juste quelques tours de béton pour riches viennent polluer cette cote.

Et il y a un autre genre de baignade : les volcans de lodo (boue), le phénomene s'appelle "diapirisme", c'est médicinal, agreable et ludique.



Du coté de Santa Marta, la sierra Nevada qui culmine a 5775m et notement habitée par des koguis, me donne envie de repasser par lá.

Arrivé au Vénézuela, il y a un séjour minimum de 3j pour ressortir. C'est la région de la Guajira, du désert, de la chaleur et un fort vent.
Aprés 15 km les jambes et la tete ne veulent plus avancer. Heureusement Audy me laisse poser mon hamac pour le temps nécessaire.
3 familles vivent la, les 3 soeurs et la mere, ils sont Wayuu et tiennent a leur traditions (langue, danses, vetements, ...) en etant "integres" a la societe (elle est orthodontiste, sa soeur enseignante). Un court sejour mais tres agreable.


Je reviens maintenant vers Santa Marta, mon avion est prévu pour le 14, vers Madrid (avec le vélo j'espere...)

samedi 8 juin 2013

Pause païsa

Quand on évoque la Colombie, c'est souvent pour parler de violence et guérilla. Ceux qui y sont allé cherchent générallement à en donner une image positive.

Depuis plus d'un mois je vis avec la famille de Manuel, c'est une famille "conventionnelle", ils ont un magasin de cycles et autres rentes.
Manuel a chez lui 3 armes à feu, il en a fait le commerce un temps. Martha a vu ses 2 parents tués par les paramilitaires et plusieurs amis ont perdu des proches ces dernières années.
Les paramilitaires (ou autodéfenses), d'extrème droite, ont été mis en place pour lutter contre les guérillas (d'extrème gauche) mais ont certainement commis de pires crimes (assassinats, tortures et déplacés par dizaines de milliers). Officiellement dissous, ils se sont reconvertis en bandes criminelles.
Si on ajoute les différentes mafias, guérillas et "opportunistes", je crois que si, le pays est dangereux. Mais la Colombie, ce n'est pas les colombiens...


Manuel est en train de construire une "extension" de la casa de ciclistas. Je me suis dis que c'est bien que les cyclistes participent à ce travail.

Il n'a pas spécialement l'âme écolo mais voulais la faire en bois, bambou et terre.
J'étais chargé des coupes délicates, surtout pour le bois rond. C'est aussi l'occasion de me faire l'apôtre de la permaculture, et interprète anglais (!) avec Tim, le canadien.

J'apprécie la confiance, l'intérèt et la sympathie de la famille, mais là, il faut attendre que la terre des murs sèche un peu, je ne pense pas rester pour finir cette jolie construction.

Pour le titre, on dit "païsa" pour un peu tout ce qui est de cette région de Médellin (Antioquia), en particulier la "bandeja païsa", plat typique, avec : riz, frijoles (haricots rouges), chicharon (lard frit), oeuf frit, patacon (banane plantain frite), arepa (galette de maïs), chorizo, tomate, avocat, etc. délicieux !



increvable 4L de l'ami Justy

samedi 11 mai 2013

Un café et ca repars



Ces 6 dernieres semaines j'ai surtout fais de la route.



Environ 1700 km depuis Quito, ca me donne des fois l'impression d'une fuite en avant face á la pluie qui me persécute, peut-etre l'envie inconsciente de passer á autre chose...

Mais aussi, aprés plus de 8000 km avec un vent plutot défavorable, en Colombie j'ai enfin l'impression de ne plus aller á contre courant.
Ca reste les Andes mais avec plus de plaisir á rouler quotidiennement. Et puis les paysages et les températures sont bien agréables...


La seule vraie pause, d'une semaine, c'était á Caicedonia. Quelque part entre Cali et Médellin, c'est la principale zone de culture du café du pays.

Le patron paie 400 pésos/kg (+/- 0,15 euros) á quoi on déduit 3 euros de repas. On travaillait de 6h á 16h30 avec 2 pauses pour manger.

J'avais l'impression de récolter des petites cerises, mais ca n'est pas la bonne technique... avec mes 28 kg á la fin de la jourrnée, j'étais loin du travailleur "normal" qui fait 2 fois plus et surtout des "bombas" qui récoltent 4 á 6 fois ca ! C'est évidement eux que recherche le proprio.

Du coup j'ai continué la semaine avec Jerson et Gilberto, qui ont passé leur vie dans les caféiés.
La prochaine fois que vous prendrez un "petit noir", pensez á ces modestes maillons de la chaine.
A noter qu'ici on dit un "tinto" pour un café, c'est á dire "coloré", et il est généralement légé, juste filtré dans un genre de chaussette (comme dans quasi toute les pays traversés) et trés sucré. La version améliorée c'est avec une machine "a la greca", ca ressemble déjá plus á un café. L'expresso est réservé aux grandes villes et 4 fois plus cher (0,7 euros).


Je serais bien resté une deuxiéme semaine, la quinzaine d'ouvriers était sympas, mais j'avais trop de mal á les comprendre (!), je n'étais pas bien équipé pour la pluie et j'avais 2 autres adresses de fermes un peu plus loin, qui ne m'ont en fait pas répondu.





Je poursuis du coup jusqu'á Médellin, la ville de Fernand Botéro.

Un peu au sud, Manuel et Martha recoivent (trés bien) les cyclos. 

La télé locale est justement venue pour l'émission "Héros". Ca donne une idée de l'esprit ambiant, il est assez difficile de se faire héberger, en plus de la "prudencite aigue" généralisée.



vendredi 26 avril 2013

Entrée en Colombie


De Quito, je rejoins la Colombie par la panaméricaine.
Pas la route la plus belle mais elle passe notement par Otavalo, une ville indigene réputée pour son artisanat, oú j'ai surtout apprécié les tenues traditionnelles et la fierté des gens.


Aprés 6 semaines de dépassement du visa, l'officier de la douane ne m'a posé aucun probleme pour la sortie.


Du profil plutot en "montagnes russes" coté équatorien, je repasse á des pentes qui peuvent faire plusieurs dizaines de kilometres, puisque la premiere destination c'est Mocoa, de l'autre coté de la cordiliere centrale (elle se divise en 3 cordillieres en Colombie).

Entre 2 massifs, je m'arrete dans la vallée de Sibundoy, oú me recoit la famille de Miguel Angel, un taïta (shaman). Il y en a plus de 20 dans cette ville, d'origine camentsa, et il y a un bon effort de conservation de la culture avec par exemple l'école bilingue.

Je ne sais pas si c'est la fatigue, la (difficile) tentative de voyager végétarien, ou comme ils disent, un "mauvais vent" (de mauvais esprits qui m'auraient intoxiqué quelque pars), mais je suis resté cloué au lit 3 jours avec fievre, nausée, etc.
Pas vraiment convaincu par sa purification au tabac et autres aspersions, le mal est quand meme passé. Mais je reste encore 3 jours a cause des pluies diluviennes. Les 5 garcons et la fille étaient seuls pendant cette période et ils m'ont impressionné par leur autonomie et l'éducation entre eux.

(peinture de Jesus Chavez)
Je me résouds quand meme a partir, en ayant acheté ma dose de yagé (ayahuasca), trés importante dans cette médecine (il y en a 7 recettes différentes).

Je ne trouve pas en Mocoa la population d'artisans dont on m'avait parlé.

Intéressé par la culture camentsa, je devais aussi aller chez le taïta d'une communauté proche ; mais exaspéré par tant de pluie je décide betement de retourner de l'autre coté de la cordilliére.

Le paramo (foret humide au-dela de 3000m) est encore l'occasion de me faire bien tremper. Elle ne me lachera pas jusqu'á Popayan oú la saison devrait etre terminée.
J'y arrive en plus avec la jante arriere félée de 8 cm, d'autres petits problemes mécaniques et les genoux en vrac...
Un peu plus au nord Cali me laisse surtout l'impression d'une ville de paranos... je poursuis encore vers le nord, avec la canicule cette fois.

Un début colombien un peu décevant donc, surtout qu'on me l'avait présentée de facon tres positive. En meme temps, d'autres me prévenaient que cette incursion vers l'est était un terrain de guérilla active alors ca aurait pu etre pire...

samedi 30 mars 2013

D'Ouest en Est

J'avais envie de traverser l'Equateur d'ouest en est.
La route vers l'océan est l'occasion de retrouver un peu de terrain plat et roulant, aussi le soleil, ses coups assomants et ses couchés reposants.


On m'avait conseillé de descendre de Pédernal vers San Clémente.
Un arrêt à Punta blanca et Carlos me propose d'aller pécher avec lui, m'offre plats de fruits de mer et poisson.
Le lendemain la nausée limite mon efficacité pour jeter et tirer les quelques 600m de filet. Et du bain de mer sensé m'aider je ne récupère que quelques piqures de méduses...


Je passe Canoa, trop touristique, et arrive à San Clemente. Une jolie plage et de sympathiques pécheurs de crevette.
Le coin est surtout animé en août, période de fêtes et de migration des baleines.



Court passage à Intillacta, le temps de faire quelques (bien bons) fromages, pains de manioc, et récupérer mon petit "salaire". Je poursuis vers Quito et Tumbaco, où Santiago reçoit les cyclistes depuis plus de 20 ans (de 6 nationalités différentes pendant mon séjour).

Et je bascule de 2000 à 4000m vers l'oriente pluvieuse...

C'est surtout l'occasion de passer une semaine chez les krishnas.
Bhaga me propose de payer mon séjour en fabriquant un canapé de bambou. Ça ne se refuse pas, surtout que le rythme est tranquille, la spiritualité sans prosélytisme, cohérente et saine : mantras (chants sacrés), étude du Bhagavad Gita (le Livre) et yoga à l'aube. Entre autres règles, végétarianisme et aucun toxique pour le corps.
Et quelques bonnes séances de hamac l'aprés midi.

On a aussi participé a une petite fête pour l'équivalent du nouvel an (leur calendrier est le grégorien).

Je reste réticent à tout dogme mais espère vivre d'autres expériences en Colombie où les krishnas sont nombreux.


Autre ambiance de retour à Quito pour le vendredi saint, il y a une énorme procession avec pleins de jésus...