mardi 23 août 2011

Des goûts et des couleurs

Salvador de Bahia! Je ne sais pas si c'est l'"âme" du Brésil, mais j'ai un petit orgueil à marcher sur ces pavés.


Chico me disait que dans le métissage de l'indien, du portugais et de l'africain, le noir a apporté le feu, et Salvador est une ville noire.
La capoeira c'est un peu la fougue africaine étouffée par le colon...
Chico Vieira est un des nombreux peintres de Salvador, et fier de ce métissage qui a fait son caractère un peu fou. Il est de l'époque hippie du Brésil (à voir d'ailleurs "os filhos de João" un docu sur le Novo Baiano), mais il a aussi vécu le Berlin de la guerre froide et à Lisbonne pendant sa révolution. Entre temps, il a eu aussi 5 "gamins", de 6 à 36 ans... maintenant, comme son ami Gilberto Gil, il se met à la méditation zen et s'excuse presque de ne pas renouveler son style graphique...

L'héritage portugais, je l'ai senti dans le chorinho, des soirées musicales entre amis. A la soirée oú on était (avec des jeunes du centre culturel do bispo, où je dors), il y avait guitare, basson, basse, violon... du bon son, un peu expérimental des fois, mais aussi un peu de cirque, de poésie, etc. Je suis rentré assez tôt malheureusement, avec une vraie escorte cette fois... (Ici c'est bien sûr l'hiver et il fait jour de 5h30 à 17h30, assez perturbant, et d'ailleurs depuis le mois de novembre, la saison des pluies m'accompagne! ya basta!)

Pour sortir un peu de la ville, il y a la Chapada Diamantina, un relief étonnement découpé, avec plein de grottes et de cascades. Exploité un temps pour ses diamants et "redécouvert" il y a à peine 30 ans, c'est maintenant un Parc National. La vallée du Capão est du coup un repère d'écolos et d'alternatifs, et pas mal de visiteurs n'en repartent plus...
Il y a aussi une communauté, "Campina", où je suis resté une semaine.
Le coin est bien agréable, la terre pas extraordinaire, mais ceux qui se sont installés là sont du genre "rustiques", ils refusent toute énergie, électrique ou thermique (juste un petit panneau solaire pour vaguement éclairer le coin cuisine et repas), et même pas un vélo pour rejoindre la ville à 7 km...
On ne travaille que le matin, mais du coup l'argent des visiteurs est bienvenu puisqu'il faut quand même donner à peu près 10 euros/j pour être logé, nourri! Il y a aussi des visiteurs du genre "perché". Comme pour la pleine lune, autour du feu, un genre de pélerin nous a raconté ses voyages, avec toutes sortes d'animaux, de plantes ou d'instruments, à dormir dans les arbres, etc... On a fait plein de prières, de "om", fumé des plantes, ils ont aussi chanté et joué en l'honneur de ce bel astre (féminin). J'ai compris après que ce "guerrier de la Paix", qui vient du Sertão (une région au climat très aride) se sert aussi des armes de notre temps, allez faire un tour sur : http://arcadonovotempo.blogspot.com/

Difficile après ça de retrouver la ville. Surtout que je n'ai vu qu'une minuscule partie de cette région...

Mais je ne peux pas parler de Salvador sans évoquer sa gastronomie... du sacré!
Je n'ai pas eu l'occasion de voir de cérémonie mais ici le religieux est dans la rue. On voit par exemple des fils-de-saint (pratiquants du candomblé) marcher avec un grand panier de pop corn (on dira alors du duburu) pour nettoyer l'aura des croyants qui en ont besoin en leur versant sur la tête.

Le "snack" qui a réussi à faire reculer Mc Do c'est l'acarajé, un beignet à base de haricot sec qui est fourré d'une sauce pimentée et qui vient directement du cérémoniel du Bénin.

Le sacrifice rituel est d'ailleurs aussi une façon de nourrir les pierres sacrées, les tambours ou encore la tête des initiés avec du sang et de l'huile de palme... Mais attention, chaque Orixa a ses exigences alimentaires. Pour donner juste une recette, voilà le plat préféré de Xango : le caruru. Il faut laver, couper et cuire des gombos, ajouter des crevettes séchées et pilées, de l'oignon, coriandre, piment, ail et sel. On peut aussi y mettre des noix de cajou et cacahuettes pilées, de la noix de muscade et du gingembre et même de la sauce tomate et du citron suivant la région. Quand c'est cuit (une petite demi heure) il faut ajouter l'huile de dendê (fruit d'un palmier, la seule qui convienne aux Orixas). On sert avec du riz, on fourre aussi les acarajés avec cette préparation et du vatapa (une autre "bouillie" avec du lait de coco)...
Bien sûr, ça n'est qu'un aperçu, pour parler de la cuisine du Brésil, il faudrait détailler les différentes variétés de manioc, de maïs, de haricots, les viandes, poissons et je ne compte pas les fruits!


Je publie ce message étant dans le Mina Gerais, à quelques heures de Rio.
Ce matin je suis allé à la Police Fédérale pour prolonger mon visa. Une simple formalité. Normalement.
Je ne sais pas ce qui leur est passé par la tête, ils me disent que le Brésil ne prolonge plus nos visas puisque le gouvernement français a décidé de ne plus le faire pour les brésiliens...
Le mien se termine le 3 septembre...

( et , rien n'a voir mais on vient de m'envoyer cet article sur des terres que le Brésil achète en Afrique, après avoir sacrifié les siennes aux industries du soja :  http://fr.globalvoicesonline.org/2011/08/20/77904/)

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