Pour une fois je vais parler de mes "petites misères"...
Et je commence en reparlant de l'identité ... quimlombola, cette fois (ce débat est d'ailleurs d'actualité ici, pour évoquer une éventuelle attribution des terres...).
Heureux de l'expérience "Piqui", j'ai voulu la renouveler en allant sur l'île du Cajual voir une autre communauté plus "isolée". Est-ce que je peux vraiment comparer? puisque je me suis fait "évacuer" assez vite...
Après la comunauté de Piqui da rampa "moderne", ici, ni électricité, eau courante, pas de maison en brique mais de terre, pas même une moto, pas de tambour de crioula et l'agriculture est quasi exclusivement du manioc sur brûlis, ils élèvent par contre de magnifiques boeufs... bref le genre d'endroit qui me plaît...
J'arrivais donc discrêtement sur une petite biana, le bateau local, c'est vrai sans avoir prévenu (il n'y a pas le téléphone...). La responsable de la Communauté n'est pas là. On me fait attendre et puis me voilà face à un "tribunal des condamnés d'avance"! Huit femmes qui me posent des questions sur ce que je viens faire, comment je finance, ce que je ferais de ce "travail", etc. J'expliquais longuement mais en fait elles ne concevaient pas ma vision du voyage en répétant qu'elles ne voyaient pas le but de cette visite et elles ne pouvaient répondre à mes questions. Elles ont même inventé une langue du "pé" pour parler entre elles (facile de comprendre l'idée, mais assez efficace, incompréhensible quoi...)
La pluie et la nuit aidant, je suis quand même resté chez l'instit du village, en réalité ils ont tous un lien de parenté plus ou moins proche. Le lendemain la journée commençait à peu près normalement avec toujours de la suspission, même dans le regard des enfants, ça ne met pas à l'aise. Et puis vers 14h on me dit que le voisin, le seul à avoir un bateau sur l'île, doit aller sur le continent et qu'il m'attend...!
On m'avait bien prévenu qu'à Saint Louis le crack fait pas mal de ravages. La semaine dernière j'ai rencontré deux jeunes adeptes, avec un grand couteau, et qui voulaient juste me vider les poches, j'ai bien récupéré les papiers, mais pas le temps de négocier mon appareil photo, la clé USB, ou autre accessoire de voyage...
En plus du coté matériel et affectif, il y a la sensation de handicap sans appareil, et celle de peur, que je n'avait pas trop, qui est venue. Et puis de victime, certains me rendaient "coupable" en disant qu'il faut être taré pour se promener à S. Louis à 2h du matin... c'est bon j'ai compris.
Bien sûr, ça n'est pas du tout représentatif des 2 dernières semaines, j'aurais pu plutôt décrire les étonnantes cérémonies qu'il y avait à la "Casa Fanti Ashanti". Fêtes du Divino, avec ses "caixeiras", des femmes souvent très agées, qui chantent et frappent le tambour jour et nuit pendant une semaine. Elles ont continué avec les fêtes de Tambours de Mina, où elles dansent et chantent, des heures encore, c'est très prenant ... Et puis, c'est très rare par ici, surtout dans la même maison, il y a eu aussi 2 jours de candomblé où les corps sont possédés par les orixas, dont je reparlerai surement vers Salvador.
Du coup, le moment le plus difficile, c'est peut-être maintenant, j'ai l'impression de devoir revenir à la réalité et que le moment du départ arrive. Je pense partir vers Olinda, mais déjà avec des saudades et envies de "retrouvailles"...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire