vendredi 2 décembre 2011

vers Cordoba ... à vélo

Ambiance andine

Meme si Santiago ne m'a pas vraiment emballé, je quitte le Chili avec plus de modération sur leur politique et l'envie de connaître un peu plus ce long pays...


L'arrêt à Mendoza est surtout "technique", avant de prendre la route à vélo. Et c'est plutot décevant pour la qualité du matériel, le protectionisme sur les importations limite pas mal le choix. Je demande du coup à une artisanne de me faire des saccoches, en cuir s'il vous plait, on est en Argentine... Un peu laborieux, la conception n'est pas parfaite non plus. Après 4 jours, c'est prêt, je peux enfin les installer et décoller... avec pas mal de stress pour la suite, la quantité de bagages et la fiabilité des saccoches.


Ça commence par un petit clin d'oeil au dernier voyage avec les oliviers de la région, spécialité du coin, avec le vin (qui n'est pas "sacralisé" comme en France puisqu'il est couramment mélangé avec du soda, du jus de fruit ou en glace, comme l'excellente glace syrah-coco que je vous recommande). Aprés 70km, petite déception sur l'hospitalité au voyageur, ça sera dans la tente.
Le lendemain commence la pampa redoutée, et elle est redoutable... interminable route monotone, soleil de plomb et la broussaille d'épineux n'offre aucune ombre. mais en plus, la petite pluie de la veille a revigoré les moustiques au point que le moindre arrêt est un déchainement de piqures... Quand on a les fesses en feu, pas encore habituées à la selle, ça frole le masochisme!
Sur ma carte, la première ville est à 100km, à la limite avec la province de S. Luis. Au contrôle de police je demande : "c'est encore loin Encon?", "C'est tout ça...", quelques maisons et une station service... Bon, d'aprés la carte il y en a une autre à 60km, je me dis : demain je me ferai de vrais courses pour les 200km de pampa à venir.
De nouveau chaleur, moustiques, fesses en feu, et enfin le panneau "La Tranca", et puis rien à part quelques maisons abandonnées! minablement je récupère 2 litres d'eau douteuse, un pain et une boîte de paté chez Orlando, seul habitant avec ses parents. Ça va être dur pour les 2 jours... aprés une centaine de bornes, la monotonie est à peine perturbée par un panneau "ici l'Etat va construire un pénitencier", ça calme. Plus loin, le coin semble correct, avec de l'ombre, mais toujours des moustiques, je repars avec une crevaison. Aprés la réparation, je vois un chantier de forage pour l'eau de la prison... c'est un peu épargné par les moustiques, et il y a 2 employés, mes sauveurs : je peux prendre une douche, manger, dormir dans un lit, et surtout un d'eux doit aller en ville le lendemain avec son pick-up... il m'épargne les 80 km de cette pampa si hostile!
4è j. donc, la suite est toujours monotone, mais avec les arbres et les fleurs sur le coté ça change tout... 90 km pour Villa Dolorès, la double glace de triple boules est nécessaire. Le soir, en allant me baigner à la rivière, un rasta tient à me présenter tous ses amis en disant que j'ai fait le tour du monde en vélo. C'est gentil, mais un peu saoulant, je préfère dormir près de la rivière...
Parce que la suite c'est la sierra Cordoba, avec un passage à 2300m. Le rythme est encore plus lent, l'effort est plus soutenu, mais il me va bien et surtout c'est beau, magnifique même le couché de soleil à 1600m pour le bivouac.
Sierra Cordobese
Encore quelques dizaines de kilomètres à monter, et la descente, toujours en douceur.
J'avais décidé de ne pas passer par Cordoba tout de suite, pour déposer le vélo à Capilla Del Monte (un peu plus loin, pour un autre wwoof) et faire un peu le touriste...

Mais Carlos Paz est trop bourgeoise, semble inintéressante, j'arrive à la nuit vers le lac, après 115km... 550km de vélo depuis 6 jours, pour un "rodage", ça fait (pas) mal...

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Despues de la viaje a Chile, me quedo algunos dias en Mendoza para equipar la bici para la ruta. No fue muy facil, y la oportunidad de pedir a una artisana de hacerme las alforca en cuero...
Mi camino empeza con la pampa, una experiencia dificil porque no estava acostumbrado con la silla, y el calor, los moscitos, la distancia entre pueblos hace muchas cosas al mismo tiempo...
En este espacio, tuve suerte en encontrar personas que me ayudaran. y despues la montaña de Cordoba parece muy agradable y hermosa.
Sigo hasta Capilla del Monte para un trabajo de voluntario. En esta primera semana hice casi 600km de bici...

samedi 19 novembre 2011

El pueblo unido...

A l'entrée de la ville il y a un panneau qui nous prévient : "El Bolson est magique et naturel".
Meme si on est pas toujours dans un conte (a refaire des clotures, préparer les composts ou arroser le jardin,...), par contre la personnalité, la passion et la connaissance de Blanca sont deja passionants. Ce qui gravite autours aussi.

Tantot une conférence de Jorge Belanko qui te montre comment construire naturel, vite et pas cher (1 semaine a 10 personnes pour faire une maison personnalisée en bois, terre et paille pour 3000 euros!). Tantot une rando dans un bois habité d'étranges créatures quasi vivantes...


Le w.e. suivant on est allé aider une communauté Mapuche qui essais de préserver des terres et la culture de ces peuples natifs. Au XXI e siecle, ils sont encore trop souvent considérés comme des etres inférieurs!


Et puis Arturo, formé a l'ingénieurie nucléaire en Suisse nous fait un atelier de géométrie sacrée... du coup en jonglant entre le scientifique, l'ésotérique et le ludique. Pas forcément toujours convainquant mais le coté "mystique" fait partie du jeu...

On a conclu avec la grande méditation du 11. "On", c'est avec Odette, la petite soeur qui est venue pour 2 semaines, et le "11", c'est bien sur le rendez-vous planétaire du 11.11.11 ! Tous connectés sur la meme fréquence pour honorer Gaia, la Terre-mere, et entrer dans une nouvelle ere de consciences unifiées... tres symbolique, beaucoup de ferveur et d'esthétique : méditations, om et mantras, avec les sons cosmiques de bols tibétains, didgeridoos, gongs, etc, etc.
On a meme eu droit a un salut du soleil qui s'est cerclé d'une auréole arc-en-ciel pendant la journée !


Un peu a contre coeur, pour nous la "grande porte" a surtout été celle du car qui nous a emmené vers Valparaiso.
Au dela du nom, la transition a quand meme été douce. Meme si cette ville s'étale a perte de vue sur des coteaux multicolores autour de la baie, elle vibre a une échelle humaine. Pas seulement pour les secousses sismiques qui agitent les nuits. Il y a une "tradition" de tolérance et une créativité qui fait que ses murs sont superbement graffés et les maisons colorées de tole ondulée, un peu comme a La Boca, mais a une autre échelle...



La réalité du Chili c'est aussi un gouvernement qui fait exception en Amérique Latine. Dans la continuité de la dictature Pinochet et avec le choix du néo-libéralisme. La jeunesse et ses professeurs en ont marre de le subir, et ca fait des mois, voire des années qu'ils le crient. Avec une grande greve générale en aout, le mouvement ne se relache pas. On a quand meme une impression de routine avec ces rassemblements joyeux qui se terminent dans les vapeurs de lacrymogene et les provocations entre des robocops kakis et des jeunes qui cassent leurs aménagements urbains pour faire des projectiles inutiles.



Le Chili, pour moi, ca sera juste ces 2 petits passages, a Valparaiso et Santiago, je vais bientot retourner vers Mendoza et si tout va bien, la prochaine fois j'aurais commencé a pédaler...

mercredi 26 octobre 2011

Terminus : Patagonie

(désolé pour les photos, c'est déjà très frustrant pour moi de n'avoir qu'un gadget en dépannage, et la qualité s'est encore empirée)

Le séjour chez Sergio c'est un peu comme pour le verre, si on le voit :
- à moitié plein : on s'activait à faire l'extension du restaurant (structure en bois, remplissage prévu en paille et terre), le w.e. je bossais au restaurant (se remplir le ventre en étant payé 2€ de l'heure, ça fait toujours plaisir) et pour la garde des moutons, je me suis retrouvé à partager le travail avec 5 wwoofeuses trés sympthatiques...
- à moitié vide : il a un peu tendance à confondre écologie et économies : j'ai surtout passé du temps à enduire une structure, qu'il avait commencée, avec de l'huile de vidange. Pour la fameuse viande argentine, il me disait qu'ici les producteurs peuvent "gonfler" leurs bêtes aux hormones de croissance (ça permet de cultiver du soja sur les terres et de les élever en cage), et puis il n'y a pas de traçabilité même pour le restaurateur, puisque, pour compléter la liste du médisant, toute la nourriture était achetée au supermarché. Pour moi l'intérêt de ce travail est aussi d'aider un agriculteur en compensant le surcoût du bio!
Et enfin le coin (toujours dans la province de Buenos Aires) présente vraiment peu d'intérêt.


Donc je retourne à la capitale pour m'organiser un peu et faire quelques achats : tente, réchaud, tapis de sol et un vélo! Un peu cher (à peu près 550 euros dont 350 pour l'engin). Un peu encombrant, mais au moins c'est fait et ça limitera les galères pour la suite.



La suite immédiate c'est d'ailleurs El Boson, en Patagonie, pour un nouveau wwoof chez Blanca.

1800km, la plupart au milieu de la pampa, cette monotonie est un peu angoissante quand on a l'intention de remonter tout ça à vélo (?).


Pour le moment je me pose donc chez Blanca, une passionnée de permaculture, si vous venez la voir, pensez à prendre quelques graines chez kokopélli, son jardin sert surtout à reproduire des semences. (pour la récolte de patates par exemple, après avoir retourné 30cm de terre, je ramène misérablement dans les 2 kilos. En fait c'était une bonne récolte, puisqu'elle me dit aprés qu'elle avait juste planté 3 pommes de terre de variétés différentes!)
Elle est aussi impliquée, entre autre, pour l'écologie à la municipalité. J'en profite pour évoquer les élections. Ceux qui suivent un peu l'actualité ont entendu parler du vote qui a prolongé le mandat de Kirchner. Je conseillerais juste l'excellente lecture du Monde diplomatique qui résume très bien la situation du pays (et ils parlent aussi du Chili, qui se porte beaucoup moins bien, politiquement). Ici, on est pour Cristina, même s'il y a encore du boulot pour être un modèle d'écologie... Et El Bolson c'est un peu une concentration d'alternatifs, quelques photos (entre autres) d'une communauté de jeunes bien sympathiques sur http://www.cidep.org/




Pour le vélo, c'est aussi une bonne entrée en matière. Le paysage est beau, mais les chemins et routes de caillasse et poussière, c'est une vraie torture pour l'homme et la machine!

Voilà, je n'irai pas plus au sud, il faut faire des choix. Mais il y a encore beaucoup a découvrir ici...

vendredi 30 septembre 2011

ché! Buenos Aires...

Le souvenir que je garderai de Buenos Aires c'est surtout l'ambiance "bohème" de certains quartiers. San Thelmo, ses brocantes, son école de cinéma ; Abastos, "le" quartier de Carlos Gardel, mythe du Tango, plein de théatres, de cantinas ; et aussi "la Caminata" à la Boca, petit quartier d'artistes, et de touristes...



En venant en Argentine 10 ans aprés sa faillite économique, je pensais voir un pays qui a compris l'impasse de cette économie mondialisée. S'il n'est pas rentré dedans, il a dû voir de très près le fameux mur qui menace?
Même si le "saccage", comme dit F. Solanas, a surtout été rural, ce que j'ai constaté pendant ces quelques jours c'est surtout des prix qui s'envollent (souvent 2 fois plus cher que 5 ans plus tot), et les entreprises qui appliquent les bonnes recettes du FMI (par exemple de nombreux terrains agricoles ou urbains ont été achetés par des entreprises étrangeres, ou encore la "gestion du personnel" des société argentines, qui ont revu leurs méthodes) ...
Il y a heureusement, peut-être une cinquantaine, de ces entreprises, quelques fois récupérées, et autogérées (sans patron). Il y en a dans pas mal d'activités, de l'éditeurs et imprimeurs aux vêtements, en passant par le nettoyage, les radios, théatres, etc. Le plus emblématique étant l'hotel Bauen et ses 19 étages. L'important c'est que ça marche et le plus difficile est souvent de se convaincre que ça va marcher...

Les alternatives peuvent prendre des formes complètement différents.

C'est le cas de la comunauté des "12 Tribus" oú j'étais en "wwoofing" pour 2 semaines ("wwoof" c'est une organisation pour travailler dans les fermes biologique en étant nourri et logé).
Eux, pensent que cette Société est irrécupérable. Ils ne sont pas complètement déconnectés de leur environnement mais pensent que le salut ne peux venir que du Maître Yahshua ("vrai" nom de Jésus) et le plus important est de vivre suivant ses enseignements. Une forme de rastafari a aussi pris cette référence de la Bible mais ici c'est plutôt la danse circulaire hébraïque et les chants en espagnol qui sont pratiqués... A voir sur : http://www.docetribus.com.ar.
Typiquement, on nous réveille à 6h, aprés un verre de maté il y a un regroupement (mincah) à 7h pour danser et remercier le Maître, qu'il nous sauve du Malin, etc... vers 8h on déjeune (en général du riz avec du lin broyé). Et puis les femmes à la cuisine, au ménage ou avec les enfants et les hommes au jardin ou autres travaux (et pour faire les beaux légumes, pas besoin de la lune et autre vers de terre, puisque le Créateur est avec eux!). Tout le monde mange ensemble à midi et de 6 à 7 on prend sa douche pour être propre pour le deuxième mincah quotidien. On dîne et on va se reposer ou retourne travailler si besoin. C'est un peu répétitif, mais tout le monde est très gentil, on mange beaucoup, ils adorent les enfants.
Pour le Shabat, à la fin de la semaine, on se repose, ils font un peu plus la fête et il y a une séance oú ils font passer un grand verre de vin, et ceux qui ont réussi à vaincre leur démon peuvent boire, même pour les gamins de 3 ans...

Ça me fait penser au film "la belle verte", les habits sont d'ailleurs un peu pareils...
Tout le monde est bienvenu dans cette comunauté. Pour en être, il faut quand même être "connecté", et ça peut prendre des années, puis le prouver au quotidien. Et surtout il faut renoncer à tous ses biens, pour le Maître, au profit de la comunauté. Chacun est libre de choisir cette vie, mais l'autre aspect qui me rend septique c'est le rejet de toute autre pensée, religion, mode de vie, etc. à part la leur, seule façon d'arriver à l'illumination et au véritable amour (l'intolérance ne semble pas être incompatible?). A voir la FAQ du site français oú ils sont souvent accusés de sectarisme, c'est vrai que l'éducation est faites dans cet esprit d'endoctrinement mais il n'y a pas de gourou et chacun peut en sortir quand il veut.

Comme un présage biblique, je suis devenu berger... Pas vraiment une vocation.
C'est un deuxième wwoofing, chez Sergio.
J'ai d'abord essayé d'être sympa, en leur lisant Garcia Lorca, mais à part ingurgiter un maximum d'herbe, il n'y a pas grand chose qui intéresse ces 26 mémères (et c'est toujours meilleur chez le voisin).
Je simplifie, bien sur, et sans vouloir faire de "l'étologie de comptoir", c'est étonnant comme on peut transposer leur comportement avec celui des humains, tantôt vouloir être  indépendant, tantôt suivre la masse, face à l'inconnu, etc. Je ne pousse pas trop la comparaison, j'ai viendrais à défendre l'autoritarisme...
Bon, ça peut être très agréable aussi et puis je fais aussi jardinier, aide-cuisto, et autre bricolage... et les patrons sont bien gentils, eux.

dimanche 4 septembre 2011

Ultimatum !

Ecoeurant! Ils appellent ça un "traité de réciprocité". Depuis le 24 juin le Brésil ne renouvelle plus les visas français parce que la France le refuse aux brésiliens... Je ne sais pas ce que nos dirigeants débiles veulent mais même les italiens n'ont pas ce traîtement, alors que C. Battisti est devenu citoyen du Brésil...




Du coup, j'ai "expédié" le Mina Gerais, ses montagnes et les merveilles baroques d'Ouro Preto. Le sculteur/architecte Antonio Francisco Lisboa, l'"aleijadinho" (le petit blessé) est à l'origine de presque tout ce travail vraiment superbe. Même si on est réfractaire à cette architecture religieuse, c'est étonnant que son nom ne soit pas plus honoré.





 
A Rio, juste le temps de faire connaissance avec Mariza et Alamo, excellents amis cariocas d'Odile, d'apercevoir le Christ qui salue la ville (le temps d'une éclaircie), son pain de sucre et ses plages aux noms mythiques...





Direction Ilhabela, c'était à l'origine le but du voyage! pour revoir Biba et Mathias que j'avais rencontrés en Jordanie il y a 4 ans. Il n'était pas là mais il y avait de quoi s'occuper avec ses 3 adorables petites filles nées depuis!

Aprés, Sao Paulo, la mégapole d'Amérique latine. Je me retrouve Avenue Paulista, au milieu des tours, énorme boulevard avec ses hélicoptères dans un ciel violet...
Heureusement je retrouve deux paulistas vraiment sympathiques que j'avais rencontré au nordeste. Leur générosité et la soirée dans le café oú on joue le meilleur samba de la ville suffisent pour oublier l'image ultra violente se cette ville...



Trop vite, je sors donc du Brésil en passant par les chutes d'Iguaçu. Un endroit impressionnant, mais les allées bétonnées, le petit train et les 20 euros d'entrée c'est pas vraiment ma conception du Parc National...




Et me voilá donc à Buenos Aires. C'est Samedi, c'est désert, un peu comme mon programme pour la suite...

mardi 23 août 2011

Des goûts et des couleurs

Salvador de Bahia! Je ne sais pas si c'est l'"âme" du Brésil, mais j'ai un petit orgueil à marcher sur ces pavés.


Chico me disait que dans le métissage de l'indien, du portugais et de l'africain, le noir a apporté le feu, et Salvador est une ville noire.
La capoeira c'est un peu la fougue africaine étouffée par le colon...
Chico Vieira est un des nombreux peintres de Salvador, et fier de ce métissage qui a fait son caractère un peu fou. Il est de l'époque hippie du Brésil (à voir d'ailleurs "os filhos de João" un docu sur le Novo Baiano), mais il a aussi vécu le Berlin de la guerre froide et à Lisbonne pendant sa révolution. Entre temps, il a eu aussi 5 "gamins", de 6 à 36 ans... maintenant, comme son ami Gilberto Gil, il se met à la méditation zen et s'excuse presque de ne pas renouveler son style graphique...

L'héritage portugais, je l'ai senti dans le chorinho, des soirées musicales entre amis. A la soirée oú on était (avec des jeunes du centre culturel do bispo, où je dors), il y avait guitare, basson, basse, violon... du bon son, un peu expérimental des fois, mais aussi un peu de cirque, de poésie, etc. Je suis rentré assez tôt malheureusement, avec une vraie escorte cette fois... (Ici c'est bien sûr l'hiver et il fait jour de 5h30 à 17h30, assez perturbant, et d'ailleurs depuis le mois de novembre, la saison des pluies m'accompagne! ya basta!)

Pour sortir un peu de la ville, il y a la Chapada Diamantina, un relief étonnement découpé, avec plein de grottes et de cascades. Exploité un temps pour ses diamants et "redécouvert" il y a à peine 30 ans, c'est maintenant un Parc National. La vallée du Capão est du coup un repère d'écolos et d'alternatifs, et pas mal de visiteurs n'en repartent plus...
Il y a aussi une communauté, "Campina", où je suis resté une semaine.
Le coin est bien agréable, la terre pas extraordinaire, mais ceux qui se sont installés là sont du genre "rustiques", ils refusent toute énergie, électrique ou thermique (juste un petit panneau solaire pour vaguement éclairer le coin cuisine et repas), et même pas un vélo pour rejoindre la ville à 7 km...
On ne travaille que le matin, mais du coup l'argent des visiteurs est bienvenu puisqu'il faut quand même donner à peu près 10 euros/j pour être logé, nourri! Il y a aussi des visiteurs du genre "perché". Comme pour la pleine lune, autour du feu, un genre de pélerin nous a raconté ses voyages, avec toutes sortes d'animaux, de plantes ou d'instruments, à dormir dans les arbres, etc... On a fait plein de prières, de "om", fumé des plantes, ils ont aussi chanté et joué en l'honneur de ce bel astre (féminin). J'ai compris après que ce "guerrier de la Paix", qui vient du Sertão (une région au climat très aride) se sert aussi des armes de notre temps, allez faire un tour sur : http://arcadonovotempo.blogspot.com/

Difficile après ça de retrouver la ville. Surtout que je n'ai vu qu'une minuscule partie de cette région...

Mais je ne peux pas parler de Salvador sans évoquer sa gastronomie... du sacré!
Je n'ai pas eu l'occasion de voir de cérémonie mais ici le religieux est dans la rue. On voit par exemple des fils-de-saint (pratiquants du candomblé) marcher avec un grand panier de pop corn (on dira alors du duburu) pour nettoyer l'aura des croyants qui en ont besoin en leur versant sur la tête.

Le "snack" qui a réussi à faire reculer Mc Do c'est l'acarajé, un beignet à base de haricot sec qui est fourré d'une sauce pimentée et qui vient directement du cérémoniel du Bénin.

Le sacrifice rituel est d'ailleurs aussi une façon de nourrir les pierres sacrées, les tambours ou encore la tête des initiés avec du sang et de l'huile de palme... Mais attention, chaque Orixa a ses exigences alimentaires. Pour donner juste une recette, voilà le plat préféré de Xango : le caruru. Il faut laver, couper et cuire des gombos, ajouter des crevettes séchées et pilées, de l'oignon, coriandre, piment, ail et sel. On peut aussi y mettre des noix de cajou et cacahuettes pilées, de la noix de muscade et du gingembre et même de la sauce tomate et du citron suivant la région. Quand c'est cuit (une petite demi heure) il faut ajouter l'huile de dendê (fruit d'un palmier, la seule qui convienne aux Orixas). On sert avec du riz, on fourre aussi les acarajés avec cette préparation et du vatapa (une autre "bouillie" avec du lait de coco)...
Bien sûr, ça n'est qu'un aperçu, pour parler de la cuisine du Brésil, il faudrait détailler les différentes variétés de manioc, de maïs, de haricots, les viandes, poissons et je ne compte pas les fruits!


Je publie ce message étant dans le Mina Gerais, à quelques heures de Rio.
Ce matin je suis allé à la Police Fédérale pour prolonger mon visa. Une simple formalité. Normalement.
Je ne sais pas ce qui leur est passé par la tête, ils me disent que le Brésil ne prolonge plus nos visas puisque le gouvernement français a décidé de ne plus le faire pour les brésiliens...
Le mien se termine le 3 septembre...

( et , rien n'a voir mais on vient de m'envoyer cet article sur des terres que le Brésil achète en Afrique, après avoir sacrifié les siennes aux industries du soja :  http://fr.globalvoicesonline.org/2011/08/20/77904/)

jeudi 4 août 2011

Olinda, linda

Olinda c'est un peu le bout du (nouveau) monde, mais on m'avait assuré qu'elle vaut le détour.
Elle fait partie des privilégiées inscrites au Patrimoine de l'Unesco pour ses églises baroques, mais elle mérite son nom (ô! jolie!...) par les couleurs et les artistes de rue. On y ferait d'ailleurs le plus beau carnaval du pays ...


C'est aussi le pays du maracatu. Dès le premier jour, je me suis retrouvé dans un cours, bien vite largué, vu mon sens du rythme et ma mémoire! Des bonnes vibrations quand même au milieu des tambours... Le maracatu est plus ou moins lié au candomblé, certains attachent plus d'importance au coté spirituel, mais dans ce groupe, ils séparaient bien la partie musicale.

Le coco est plus abordable, comme danse. C'est Romain qui m'y a emmené, avec d'autres fêtards. Un petit coin de rue, une fontaine de cachaça, quelques instruments et une bande d'"anciens" pour secouer la populasse jusqu'à tard dans la nuit. Un bon brassage, comme pour le carnaval, tous en rythme dans l'allégresse et la sueur...

Clin d'oeil à Solène avec les catadores qui sont partout, à trier les poubelles 
Romain est là pour étudier les politiques de la ville par rapport aux favelas, parce que juste à coté, la grosse ville avec ses tours et ses 1,3 millions d'habitants c'est Recife. Et là, en gros 50% de la population vit dans plus de 200 favelas réparties dans la ville...! Le but est déjà que chacun, dedans et dehors, soit conscient des besoins de changement pour harmoniser tout ça sans stigmatiser... Moi j'ai juste fait une petite visite, avec un père franciscain comme "sésame", dans la plus grande (30000 personnes), elle est réputée dure mais "autorisée". Cette visite n'est pas représentative mais les gens rencontrés m'ont donné une image loin des clichés que j'avais puisqu'il y a : électricité, eau courante, réseau d'égouts, commerces et pas d'impôts... on m'a même ramené à la pousada en voiture climatisée! Pour autant si les personnes ne craignent pas dans leur favela, ils n'iront pas seuls dans une autre. Le prêtre, Dieu et surtout Lula ont bien amélioré les choses ces dernières années. Récife a aussi une bonne politique sociale, d'ailleurs il y a pas mal de cinés et autres événements gratuits...
Graff de Récife
Graff d'Olinda
Comme je disais c'est aussi un Etat (le Pernambuco) oú le candomblé est bien ancré. Il y avait une cérémonie, le w.e. dernier, pour conclure une semaine de rites de passage d'un initié au deuxième degré (avant le dernier : babalorixa). Cette fête n'avait pas la beauté et la rigueur de celles de S. Luis, mais il se trouve que le compagnon du brésilien était parisien. Du coup il m'expliquait, très ému, qu'il ne reconnaissait plus son partenaire. Par rapport aux autres religions, ces cultes transforment la personne. Après avoir déterminé quel est l'orixa de l'initié, il est en quelque sorte "incorporé", d'où une grande tolérance, puisqu'un homme peut avoir un orixa féminin, un vieu peut être un enfant, ou encore un miséreux peut incarner un puissant orixa. A Paris, la pratique religieuse pour ce couple homosexuel est quasi impossible.

Je serais bien resté un peu plus mais l'hotel est un peu cher (c'est le Hilton! mais celui là est bien sympathique et certainement le moins cher du coin). J'enchaine direction Salvador...

vendredi 22 juillet 2011

... et quelques galères.

Pour une fois je vais parler de mes "petites misères"...

Et je commence en reparlant de l'identité ... quimlombola, cette fois (ce débat est d'ailleurs d'actualité ici, pour évoquer une éventuelle attribution des terres...).

Heureux de l'expérience "Piqui", j'ai voulu la renouveler en allant sur l'île du Cajual voir une autre communauté plus "isolée". Est-ce que je peux vraiment comparer? puisque je me suis fait "évacuer" assez vite...
Après la comunauté de Piqui da rampa "moderne", ici, ni électricité, eau courante, pas de maison en brique mais de terre, pas même une moto, pas de tambour de crioula et l'agriculture est quasi exclusivement du manioc sur brûlis, ils élèvent par contre de magnifiques boeufs... bref le genre d'endroit qui me plaît...
J'arrivais donc discrêtement sur une petite biana, le bateau local, c'est vrai sans avoir prévenu (il n'y a pas le téléphone...). La responsable de la Communauté n'est pas là. On me fait attendre et puis me voilà face à un "tribunal des condamnés d'avance"! Huit femmes qui me posent des questions sur ce que je viens faire, comment je finance, ce que je ferais de ce "travail", etc. J'expliquais longuement mais en fait elles ne concevaient pas ma vision du voyage en répétant qu'elles ne voyaient pas le but de cette visite et elles ne pouvaient répondre à mes questions. Elles ont même inventé une langue du "pé" pour parler entre elles (facile de comprendre l'idée, mais assez efficace, incompréhensible quoi...)

La pluie et la nuit aidant, je suis quand même resté chez l'instit du village, en réalité ils ont tous un lien de parenté plus ou moins proche. Le lendemain la journée commençait à peu près normalement avec toujours de la suspission, même dans le regard des enfants, ça ne met pas à l'aise. Et puis vers 14h on me dit que le voisin, le seul à avoir un bateau sur l'île, doit aller sur le continent et qu'il m'attend...!



On m'avait bien prévenu qu'à Saint Louis le crack fait pas mal de ravages. La semaine dernière j'ai rencontré deux jeunes adeptes, avec un grand couteau, et qui voulaient juste me vider les poches, j'ai bien récupéré les papiers, mais pas le temps de négocier mon appareil photo, la clé USB, ou autre accessoire de voyage...
En plus du coté matériel et affectif, il y a la sensation de handicap sans appareil, et celle de peur, que je n'avait pas trop, qui est venue. Et puis de victime, certains me rendaient "coupable" en disant qu'il faut être taré pour se promener à S. Louis à 2h du matin... c'est bon j'ai compris.


Bien sûr, ça n'est pas du tout représentatif des 2 dernières semaines, j'aurais pu plutôt décrire les étonnantes cérémonies qu'il y avait à la "Casa Fanti Ashanti". Fêtes du Divino, avec ses "caixeiras", des femmes souvent très agées, qui chantent et frappent le tambour jour et nuit pendant une semaine. Elles ont continué avec les fêtes de Tambours de Mina, où elles dansent et chantent, des heures encore, c'est très prenant ... Et puis, c'est très rare par ici, surtout dans la même maison, il y a eu aussi 2 jours de candomblé où les corps sont possédés par les orixas, dont je reparlerai surement vers Salvador.

Du coup, le moment le plus difficile, c'est peut-être maintenant, j'ai l'impression de devoir revenir à la réalité et que le moment du départ arrive. Je pense partir vers Olinda, mais déjà avec des saudades et envies de "retrouvailles"...

mercredi 6 juillet 2011

Emotions du Maranhão


(désolé pour les photos, mon appareil était déjà "aveugle", il est devenu aussi amnésique pour les 10 derniers jours...)
Heureusement, il y a Marcio, son travail est simplement magnifique : http://www.marciovasconcelos.com.br/


G. Lapouge avait écrit que Saint Louis est peut-être la plus belle ville du monde. Le Maranhão est en tout cas très attachant,
et certains mots y prennent tout leur sens...

Ma deuxième cérémonie du Daime a été une expérience "hallucinante". Se poser, sentir son corps et puis la tête s'ouvrir sur un monde infini... On dit que boire l'ayahuasca permet une forme d'introspection, ce que j'ai vu était un univers ultra coloré qui me faisait penser à un chapiteau de cirque! (j'ai pas trouvé d'interprétation?), en même temps très détaillé et très découpé comme une carte de voeux qui s'ouvre en relief, démesurément ...
Chacun le vit différement, mais tous ressentent un bien être et je pense que, même si c'est un "paradis artificiel", on en garde une vraie sérénité un peu comme par la méditation (en bien plus facile!). Les réactions ont l'air tellement alléatoires, je ne sais pas si ça peut vraiment servir en thérapie (pour moi la réalité était bien nette quand j'ouvrais les yeux).
Avant la fin des effets on est retourné chanter et "danser", c'était très simple mais très chargé spirituellement.



Les fins de semaine, la ville est déserte, une des possibilité est d'aller d'un autre coté de l'île. A Raposa, on se retrouve assez facilement à pêcher, préparer et manger les délicieux poissons et crevettes, nager, etc. avec les gens du coin.
La technique est assez simple, des perches sont plantées dans l'eau, d'abord alignées. Le poisson, qui y trouve des petits crustacés avance et se retrouve prisonnier dans un "enclos" (vu de dessus ça ferait un double parapluie). Il n'y a plus qu'à le récupérer le matin avec un filet. Et comme la marée monte facilement de 4 mètres, ceux qui restent "prisonniers" n'ont qu'à attendre un peu pour en sortir...


Difficile de faire des transitions, bon

je voulais parler d'un des problèmes récurrents du Brésil, celui des sans-terre. Les quimlobolas sont les noirs descendants d'esclaves qui se sont installés en communautés. Ils cultivent des terres depuis des générations mais comme maintenant tout doit avoir une propriétée, les conflits sont courants.
En fait, la communauté "Piqui da rampa", que je suis allé visiter, n'a pas ce problème grâce à un document du temps de l'esclavage qui leur attribuait ces terres. Il y a là une petite centaine de familles qui vivent du maraîchage. Ce qui m'a d'abord marqué c'est l'acceuil, un vrai comité, et puis nourris, logé, étant entendu que je ne devais rien. Deuxième étonnement, la visite,  la "propreté" du potager, des belles ligne, une terre bien travaillée, système d'arrosage goutte à goutte, etc. En fait, comme tout dans ce pays, passé, présent et avenir, (même local et mondial) se mêlent. Ils ne font plus de brûlis et fertilizent généreusement (je ne suis pas chimiste, mais ils insistent sur le fait que la culture est bio...). En tout cas il y a un mode de vie vraiment sain, les enfants sont très respectés et il y a un esprit communautaire étonnant, la cohésion, la répartition du travail et de la production... Un regret quand même, mais là c'est dû à la "généreuse Banque Mondial", à propos des maisons, le torchis et la paille sont peu à peu abandonnés pour la brique.
Si la culture des quimlombolas se dilue un peu dans la mondialisation, les tambours de crioula résonnent bien fort, j'ai d'ailleurs eu droit à une belle démonstration pour mon départ. Et les jeunes, avec une bonne énergie, ont gagné le concours de quadrille de Vargem Grande, la grosse ville du coin.



Sinon, en début de semaine j'ai eu une grosse déception. Je devais commencer à travailler chez un charpentier naval, par manque d'argent le bois n'est toujours pas arrivé et je ne peux pas attendre indéfiniment.
"Attendre" est quand même relatif, il y a de bonnes raisons de rester encore un peu...

lundi 20 juin 2011

Oí! ... Brasil

A peine débarqué à Oyapoque, je prends la route vers Macapa. Une partie est en piste et avec la pluie, il y a des trous impressionants, voire des "embourbeillages" (là ça ne passe plus) on n'en sort qu'avec un gros bulldozer à chenilles qui traine lamentablement des "guirlandes" de gros 4x4, les cars, etc. on a même eu un camion avec 2 citernes tirés par le bull, lui-même tiré par son pote avec sa citerne d'essence, et ça fumait dans la bouillasse!

Après ça, Macapa était plutôt banale, pour l'anecdote on est pile sur l'équateur. Et on a le choix entre remonter l'Amazone ou redescendre sur Bélèm...


Le bateau a un profil sympatique mais c'est surtout les hamacs multicolores qui remplissent tout l'espace à bord qui en font le charme (les cagettes, c'est l'inévitable wassaí, chargé en route).
Moi j'avais un peu plus d'espace que les autres, mais c'est normal, sans savoir je m'étais installé juste au dessus du moteur! (et on l'entend bien le cumins diésel...). Il y a 24 heures de traversée dans un dédale d'îles, on s'imagine sur une rivière, c'est quand même l'embouchure de l'Amazone, et quelques barges avec d'énormes grumes rappellent la triste réalité de la déforestation.

Bélèm est une ville très occupée. A 6h, le port du fameux marché "ver-o-peso" ressemble déjà á une fourmilière. Et le plus hallucinant c'est de voir les gars charger des tonnes de marchandise dans les bateaux, tantôt avec des chariots, tantôt sur la tête (les sacs de 50kg de ciment par 2, en courant, et avec des tongs évidement). Moi je me sentais plus d'affinités avec le charpentier qui retapait un bateau. le compas et l'herminette, c'est plus cool... (ici j'arrive déjà mieux à discuter avec les gens, mais ça n'est pas encore évident).
Le nord du Brésil est réputé pauvre, mais j'ai trouvé que Bélèm est plutôt propre, sûre, et il y a même un vrai effort de démocratie participative. Avant "La Commune" française, la ville à vécu le même genre d'expérience, appelé le cabanage, plus de 30000 morts, ça marque...
Ce qui est dommage c'est que l'évolution de la "cité" a fait que les universités sont complètement extérieures et du coup l'ambience et la vie culturelle sont un peu limités.
Comme c'est la période des fêtes "joaninas" (de la saint jean), je continue vers l'île de St Luis do Maranhão.


Lá, il y a autre chose...
d'un coté, le délabrement majestueux des rues, l'amnésie volontaire pour une certaine culture africaine, l'exode vers la ville nouvelle... Mais l'âme est encore lá.
D'abord, le gentil folklore très populaire du bumba-meu-boi, et puis il y celui des "maisons"...

Dans la "casa das Minas", il y a une soixantaine de vaudous, c'est matriarcal et pour la fête du "Divino Espirito Santo" qui vient des Açores, il y a tout un rituel entre le catholicisme portugais, les rites du Bénin, le tout mis à la sauce brésilienne... Les vaudous ne sont pas appelés pour cette fête, mais l'énergie qu'il y a dans les tambours et les chants est vraiment bonne.
Là, j'ai mis le pied dans le cercle universitaire du docteur Ferretti...
Ses étudiants sont vraiment passionés puisque leurs études portent sur leur pratique. Du coup, grâce à Isabell, j'ai pu passer 2 jours dans "l'antre" du Santo Daime.
L'historique est intéressant (je mettrai un lien, mais il y a pas mal de choses à voir sur le net), la pratique aussi.
Le "daimé", c'est l'ayhuasca, boisson faite de 2 plantes (liane et feuilles) que le Brésil a eu l'intelligence d'autoriser uniquement dans le cadre des pratiques religieuses. On ne la consomme pas comme chez les indiens d'Amazonie, syncrétisme oblige, elle est bue en communion pendant une nuit de chants et de danses en hommage a Dieu, au Daime, et aux enseignements du "padrinho".
Moi je me suis évanoui au bout de 10 minutes et puis plus grand chose, alternance de périodes bien éveillé et de "comatage", pour eux j'ai été un peu touché par la Grâce, ça n'était jamais arrivé depuis 5 ans que cette maison (la "fraternité colibri") existe .
Le lendemain, il y avait la quadrille, la communauté danse alors avec un enthousiasme très brésilien...
Aller, je remets ça la semaine prochaine...

mardi 31 mai 2011

Noli me tangere


Après le slow food, voilà le "slow travel", depuis mon départ de saint-laurent, j'ai parcouru à peu près ... 300km!
Et ça commence d'ailleurs avec une histoire de bouffe, pour Paques il y a un plat traditionnel en Guyane, le bouillon d'awara, c'est une tambouille à base du fruit de ce palmier qu'on mélange à du poisson boucané, des queues de porcs, de la volaille, crevettes, légumes et encore une vingtaine d'autres... mais je ne suis pas à l'hospital depuis tout ce temps! la tradition dit aussi que celui qui en mange reviendra en Guyane ou y restera. D'où le fatum (pour justifier la cohérence du propos avec le blog)...
C'était très bon, mais le coin (du coté de Régina) vaut aussi le détour. Je suis du coup resté chez Odile, une amie, d'amie d'amie qui est devenue une amie... Mais le long de la piste, on croise encore un florilège de personalités : un chocolatier passioné de la forêt, un fils de mercenaire du Gabon qui va élever du zébu, un libertaire rasta avec son jardin et ses histoires, des menuisiers et sculteurs, des professeurs/pompiers/militants (pour rappeler aux politiques que la création de parcs naturels ça sert à protéger notre environement!), des brésiliens, créoles, indiens etc. bref, je schématise mais c'est sympathique et des fois le futur devient une notion un peu floue. odile viens même de me montrer le travail d'un voisin dont la femme veut faire l'élevage d'animaux sauvages, et lui en rêve "différement" (http://www.flickr.com/photos/25328771@N07).



Il faut dire qu'odile est un peu accro du net, elle nous a trouvé récemment un petit film étonnant qui nous explique comment on fabrique l'argent. "on", c'est bien sûr les banques, alors diffuse le film (et boycotte les banques!)
http://www.dailymotion.com/video/x75e0k_l-argent-dette-de-paul-grignon-fr-i_news
et justement en Guyane il y en a, de l'or, c'est intéressant de savoir comment ça se passe, du moins comment je l'ai compris. Il y a plus d'un siècle, d'énormes engins draguaient déjà l'alluvion. Rareté du caillou? le fait est que depuis 10 ans le cours (24HGOLD) a augmenté de 319%! Depuis quelques années une réglementation a cadré l'exploitation pour mieux gérer la forêt, les cours d'eau et les villages amérindiens qui en vivent. C'est surtout le mercure qui fait des ravages dans la chaine alimentaire et qui est maintenant interdit. Mais, il y a les méchants clandestins brésiliens qui viennent piller nos richesses sans respecter aucune de nos lois, ils amènent en plus le traffic d'armes, de drogue et la prostitution... et plus nos braves militaires les traquent, plus ils remontent dans la forêt (ce qui augmente la surface polluée). Bien sûr, il n'y a pas que ces garimpeiros qui sont coupables, le gouvernement brésilien ferme les yeux sur le "blanchiment" de ces tonnes d'or et coté guyanais, il y a justement une "exception" législative qui fait que toute la production, légale ou pas est finallement mélangée et quasi toute expédiée vers l'hexagone... alors à la prochaine st valentin, pense aux pauvres aïmaras, aux enfants wayampi ... et boycotte l'or!
Voilà pour le coup de gueule.


Coté activité, en 68, odile jettait des pavés pour défendre l'automation, en gros : tu travailles si tu veux et les machines feront le reste. Et pour moi elle ne manque pas d'idée, une cabine de téléphone devient chiotte sec, un pont chinois pour enjamber la rigole de l'eau de pluie, un couvercle pour le puit, ou des jouets à retaper...



Voilà, je partais pour passer la Paques au Brésil, et comme dans les écritures, je décollerai un mois plus tard. Bon, j'arrête de me prendre pour un autre, et j'enlève cette barbe...


(Jésus aurait dit "Noli me tangere", ne me touche pas, à Marie-Madeleine le jour de ça résurrection, c'est quand même plus subtil que le "casses-toi  pauv' con", essayez!)

vendredi 22 avril 2011

Bienvenue... au revoir

C'est l'événement du moment!

Le petit Enzo est arrivé le 10, dans les bras de Lucie, amie, sage femme, toujours de bonne humeur...
Alors félicitations! parabens! gratulatio! à Anne et Guillaume. Il est tout tranquille, attachant et promis à un bel avenir puisque son deuxième prénom c'est ... Philippe.

Elles ne se contentent d'ailleurs pas de faire de beaux petits d'homme puisque quelques jours avant l'accouchement, elles terminaient une sympathique mosaïque pour la douche...
Pour le reste, pas vraiment de changement. On ne peut pas aussi facilement exploiter les bois du terrain que prévu, du coup on a fait... du béton! un vrai bunker pour mettre tout le matériel de valeur (groupe électrogène, batteries, outillage, etc).
J'ai aussi fait un peu de mobilier pour m'occuper, on a quand même fait quelques cloisons (dedans) et bardage (dehors). et les "casquettes" en feuilles tressées de wassaï, un palmier plein de qualités puisque le fruit sert aussi à faire boissons, plats et dessert...



(tout au fond, qui nous nargue, c'est la maison de JB. Ils mettent des clous partout mais sont bien efficaces les brésiliens!)

Guillaume a mis, lui, la "casquette" de l'électricien même si les panneaux solaires ne sont pas encore là.
Et on se sent presque chez soi... du coup je me suis rappelé que le but original c'est quand même de voyager!
Un peu de tourisme pour aller voir les tortues luth pondre sur la plage d'Awala. Impressionnants reptiles de plus de 1m qui viennent de nuit faire un trou et y déposer leurs oeufs. Tant d'efforts, des mouvements millénaires, des gémissements et des larmes pour découvrir le lendemain un carnage de coquilles éclatés par les chiens qui les dessablent pour les manger!

Bon, un dernier pot (en au revoir?) et demain je pars vers l'est et le Brésil!

lundi 14 mars 2011

Hiver guyanais


Pour présenter les dernières photos de la maison, un aperçu de la récente période pluvieuse.
Guillaume s'est improvisé en ingénieur hydraulique pour canaliser cette petite rivière qui menaçait d'anéantir la piste...
Quand on subit ces averses avec un bon vent d'est, on comprend les grands débords de toit des maisons. A peine installée, la cuve de 1600 l était remplie en une nuit (+ de 40 l/m2...).

Petits détails "bioclimatiques" encore, si en métropole on cherche a isoler au maximum du vent et à récupérer le rayonnement solaire pour chauffer, ici la maison est complètement ouverte pour rafraîchir alors que les 2 auvents apportent un maximum d'ombre (ils seront couverts de waï, des tresses de feuilles séchées).
Et coté vent dominant, il y a une autre "casquette" pour limiter la pluie à l'intérieur.

Depuis la dernière fois on a d'abord couvert la terrasse.
Ces superbes poteaux, c'est du bois cathédrale, avec des formes assez hallucinantes. Le débord pour la pluie est aussi impressionnant. Et pour ne pas abimer ce bois, j'ai mis le lien à l'horizontal avec des queues d'aronde.


J'en profite pour montrer une autre petite "fantaisie" sur le auvent arrière. Ce "trait de Jupiter" qui prolonge la poutre...
Après ça, on a fait l'escalier qui mène à la mezzanine.
Et c'est un florilège d'essences!
Poteaux en wapa et saint martin rouge, marches et limons en angélique, palier et rambarde en wacapou. Et notre petite "cerise sur le gateau", les 2 morceaux violet c'est de l'amarante.
Pour s'amuser encore un peu j'ai essayé de sculpter une grenouille sur le grand poteau, mais le wapa est plutôt réputé pour fendre facilement...



Et puis une dernière photo pour remercier les amis qui viennent nous voir même si ça n'est pas encore bien confortable.
Merci aussi pour sa patience à Anne qui attend aussi un petit et voudrait bien emménager!



A bientôt